Rapport de la force et de la raison…

Dans une France déboussolée, en ces périodes troublées il m’a semblé important de rappeler l’article ci-dessous…

A méditer.
Gérard GAUTIER

 

Courrier des lecteurs  Ouest-France- 11 octobre 1980

( Article en réaction à l’attentat de la rue Copernic à Paris (

Tout ce qui se passe dans notre Société n’est-il pas de nature à laisser le champ libre à la folie, aux exactions de certains extrémistes habilement manipulés ?

Cette société où tout est régi en termes de rapports de force plutôt que de raison ? De cette Société où les tenants du pouvoir ne réagissent que lorsque la pression est trop forte laissant ainsi naître – entre autres phénomènes – un corporatisme exacerbé et égoïste de mauvais aloi qui amène telle ou telle catégorie socioprofessionnelle dans la rue ou sur les routes, imposer ses volontés et cela sans tenir compte de quelque esprit de solidarité que ce soit.

Cette société dans laquelle les partis politiques de toutes tendances s’accordent en alliances douteuses le temps d’un scrutin pour ensuite retourner à leurs divisions, à leurs luttes intestines, à leurs vindictes, en oubliant le plus souvent les citoyens.
« Cette société où l’autorité est remise en cause et tombe en déliquescence à ce point que l’on se demande si l’on ne veut pas, par réaction, en arriver à un régime autoritaire ».
Cette société où la démocratie – dont chacun s’accorde à dire qu’elle est sauvegardée – se vide de son sens profond dans la mesure où le rôle du Parlement devient inexistant et où le parlementaire est ramené au rôle de simple interventionniste : sa responsabilité initiale étant abandonnée au bureau de son groupe.

Cette Société vouée à l’électoralisme donc à la démagogie, au laxisme dans laquelle l’on amène l’individu à se comporter comme un assisté avec des droits et peu de devoirs (…)

Cette Société à laquelle chacun de nous appartient et doit donc se considérer comme responsable (…)

Le changement souhaité passe également par une attitude différente de l’homme politique qui imprégné de la volonté de défendre réellement la démocratie acceptera – même battu – le verdict populaire et travaillera à autre chose qu’à une opposition stérile et sclérosante.

A ce moment-là s’écarteront peut-être de nous les risques que font peser certains irresponsables, manipulés ou non et ainsi seront sans doute sauvées la démocratie et la liberté.

Gérard GAUTIER