Démocratie, Présidentielle La fin du suffrage universel ?

 Le site ayant eu des visites peu sympathiques, je remets peu à peu des articles qui avaient disparu.

                Article paru dans les DERNIÈRES NOUVELLES D’ ALSACE                                             

                                                          5 Avril 1995

Gérard Gautier, conseiller régional de Bretagne, président de l’Association apolitique «Blanc, c’est exprimé», regrette que la collecte des 500 signatures pour les candidats à l’élection présidentielle soit une entrave, à l’émergence de candidatures autres que celles issues des grands partis, et donc à la démocratie.

En instaurant l’élection du président de la République au suffrage universel le général de Gau1le avait souhaité redonner une part de souveraineté au peuple français.

L’obligation faite depuis aux candidats de présenter 500 signatures avait pour objectif d’écarter les fantaisistes, de conserver une crédibilité, voire de donner une légitimité aux candidats restant en lice.

En vertu du principe que tout système évolue, que l’homme par soif de pouvoir, souvent aime à l’asservir au plus près de ses propres volontés pour en obtenir le maximum, le glissement connu lors de la présente précampagne touche à la perversion.

Le poids des appareils

A la lumière de ce qui est vécu, il peut être affirmé, sans risquer d’être démenti, qu’il en est fini en est fait de l’élection présidentielle au suffrage universel.

Les appareils des partis, cause de ce que nous vivons tous actuellement, ont repris les choses en main, ont repris le pouvoir: les «grands électeurs» que sont les maires. sénateurs, conseillers régionaux ou généraux se voient «investis» du choix réel des candidats ayant le «droit» de se présenter.

La machine démocratique, de ce fait, se grippe un peu plus. Ce avec la complicité de la plus grande partie des médias, des instituts de sondages qui, en l’occurrence, ont une lourde responsabilité dont ils auront, un jour, à répondre.

Tout en combattant avec force les thèses de Jean-Marie Le Pen, on peut être amené à regretter le «suspense» qui a entouré sa collecte de signatures. Il appartient en effet dans un Etat de droit que les partis fassent des propositions cohérentes et prennent des engagements qu’ils tiennent. A ce moment-là. les partis tels celui de Jean-Marie Le Pen, perdront-ils les électeurs qui y viennent plus par rejet, par révolte que par adhésion aux idées émises.

Nier un problème n’a jamais permis de le résoudre. Or la seule démarche entreprise pour battre en brèche la montée de Jean·Marie Le Pen a été la création artificielle par ceux qu’il rejoindra bientôt, du produit de substitution qu’est Philippe de Villiers.

Le jeu de la démocratie sera faussé

L’association «B1anc, c’est exprime» – dont les adhérents appartiennent à tous les horizons politiques – souhaitait par sa présence, provoquer une réflexion de fond sur sa démarche, interpeller. Il est vraisemblable que pour les raisons évoquées plus avant le candidat du mouvement sera absent des débats. Ceci est regrettable, dommageable.

Cette candidature aurait redonné de la crédibilité à la campagne,

Il est admis que l’élection présidentielle est un scrutin qui bénéficie, habituellement, d’un fort taux de participation. II semble que pour de nombreuses raisons mais surtout du fait de la pauvreté du débat, du manque d’apports nouveaux, la prochaine échéance connaîtra un taux d’abstentions significatif. Le jeu de la démocratie, du fait de l’impossibilité de voter blanc sera faussé.

Acte est pris de cet état de fait.

Nouvelles procédures

Pour les futures élections présidentielles et pour éviter de nouveaux débats stérilisateurs, il serait bon de réfléchir, dès maintenant, à la prise en compte de nouvelles procédures.

Tout en conservant l’obligation de présenter 500 signatures, les «pré~candidats» devraient déposer officiellement leur candidature auprès du Conseil constitutionnel.  Celui-ci établirait une liste des possibles en tenant compte de critères de moralité, d’éligibilité. Cette liste serait transmise au C.S.A. qui accorderait et contrôlerait un temps d’antenne, télévision et radio.

Pour éviter les «pressions» l’obligation faite, actuellement aux «donneurs de signatures»

(art3.1 du décret 64.23 J du 14 mars J 964 modifié) defaire certifier leur signature par un membre du bureau de l’instance â laquelle i!s appartiennent, serait supprimée.

Les contrôles nécessaires seraient faits par le Conseil constitutionnel. La confidentialité serait assurée aux signataires.

Ces quelques mesures seraient de nature à redonner de nouvelles chances à l’expression du suffrage universel et à la démocratie.

 Pour autant que cela ne soit pas trop tard.

Gérard GAUTIER                                                                                                                                              Ancien Conseiller Régional de Bretagne   Président Mouvement « BLANC C’EST EXPRIME »