lettre à Sophia ARAM.

Ma chère Sophia,

Je n’ai pas voulu faire aussitôt écho à votre chronique présentée sur France Inter au lendemain du premier tour des cantonales. Cela pour ne pas troubler un peu plus l’eau du marigot et …les esprits des «gros cons » de quelque couleur ils puissent être …et le nuancier est important.

Aujourd’hui, scrutin passé, Sophia, je tiens à vous dire merci…

Merci, car je milite moi-même depuis 1989 contre les abstentions qui favorisent les courants xénophobes et racistes, donc contre le Front national, cela en créant l’association pour la reconnaissance du vote blanc.

Cependant je précise le faire en utilisant les méthodes démocratiques. Je me suis même érigé en 1996 contre la proposition d’interdiction de ce parti souhaitée par Henri Emmanuelli, une « grande conscience républicaine » comme chacun sait.

Pour nommer « ceux qui malheureux, sont tristes, en colère, ont de la peine, ont peur qui ne réfléchissent pas » et votent « Le Pen »…vous les avez qualifiés de « gros cons. » …

Cela a pu paraître drôle à certain.

Je ne suis pas sûr, pour autant que ce soit très productif à défaut d’être respectueux de l’expression démocratique qu’est le vote.

Malgré cela, une nouvelle fois, je vous dis merci Sophia.

Vous m’offrez en effet l’opportunité de prolonger votre propre raisonnement. Permettez que j’en profite.

Je me pose la question de savoir s’ils sont des « gros cons » ceux « qui malheureux, sont tristes, en colère, ont de la peine, ont peur « qui ne réfléchissent pas » et votent pour… tous les partis autres que le F.N. – dont les deux majoritaires – qui « gèrent » la France depuis plus de 40 ans ? 

Sont-ils des « gros cons » ceux qui malheureux, sont tristes, en colère, ont de la peine, ont peur « qui ne réfléchissent pas » et votent pour tous les partis autres que le F.N qui ne s’intéressent qu’au seul maintien de leurs privilèges, « font des réformes contre les citoyens » comme celles des retraites et refusent celles qui seraient de nature à améliorer la situation en France, en les remettant, il est vrai, en cause.

Sont-ils des « gros cons » ceux qui malheureux, sont tristes, sont en colère, ont de la peine, ont peur « qui ne réfléchissent pas » et votent pour tous les partis autres que le F.N qui les méprisent en permanence en dehors des périodes électorales, tournent le dos aux principes républicains, font de la discrimination, vouent la France au « tout sécuritaire », ont des élus corrompus mis à l’abri de la Justice par leurs pairs, car amnistiés, qui jettent l’anathème sur les plus démunis, les immigrés, font durer les procédures dans les affaires politico-judiciaires qui les concernent, «se servent au lieu de servir » …

En suivant votre raisonnement jusqu’à l’absurde, cela voudrait dire que seuls … les 55% de Français abstentionnistes ne seraient pas des «gros cons !» et …« qu’ils réfléchissent. » (*)

Or quels choix sont offerts aux citoyens ? 

La Démocratie c’est de donner la possibilité aux électeurs de disposer d’un véritable choix?

C’est éviter qu’il y ait «moins de gros cons».

Merci Sophia.

(*) Ce raisonnement est sûrement partagé par Jean Louis Debré qui est l’actuel président du Conseil Constitutionnel.

A noter que cette « humoriste » est payée par une majorité de gros cons!