Présidentielle 2017 : La Démocratie déjà gravement malade en 1990

RÉVOLTES DANS UN VERRE D’EAU

Ce texte qui évoque des faits de 1990, prend aujourd’hui, dans le contexte que nous connaissons, une certaine saveur

Extrait du Livre «VOTE BLANC LA LONGUE DÉMARCHE»                                                                                Gérard Gautier Édition L’ ÉCHARPE 2007 (pages 81 et suivantes)

(Livre censuré par Didier EUGENE ancien chef  rédaction politique de Ouest-France – Secrétaire C.A de  ESJ.Lille)

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Je n’entendais pas me démobiliser pour autant. L’utilité de la démarche restait entière. Plus que jamais. Les Français souhaitaient le changement. Les parlementaires, de tous bords, confusément, en ordre dispersé, parfois, on l’a vu, également. Mais les partis, dinosaures en perdition, faisant peser leur archaïsme sur le Pays, sur les Français, veillaient.

Au moment même où Michèle Barzach et Michel Noir se situant comme des rénovateurs de la vie publique, décident de larguer les amarres, de quitter le R.P.R. pour dans une France malade,  «provoquer un sursaut national»  «douze députés» du Parti Socialiste «considérant la démocratie en danger»  lancent, le 11 décembre 1990, dans Le Monde, un manifeste «pour un nouvel humanisme en politique.»                                                                                

Ainsi est mis en évidence le constat que la réaction émanant pourtant de personnes de sensibilités politiques différentes repose sur les mêmes constats. Pour les «douze socialistes» …/… « La démocratie représentative est en danger si l’on en juge par le discrédit de la politique, à la dégénérescence des partis, au déclin du Parlement, à l’indifférence croissante des citoyens.» Ils dénoncent«l’américanisation progressive des modes de vie et des comportements,le fait que l’Europe et la décentralisation effritent,  jour après jour l’Etat – Nation.»

Après le référendum sur la constitution européenne de 2005 cette déclaration prend une certaine saveur lorsque l’on découvre le nom des 12 socialistes. (*) Les signataires avaient pour noms : Jean-Pierre Balligand,  Jean-Michel Belorgey,  Frédérique Bredin, Michel Francaix, Bertrand Galley, François Hollande, Jean-Yves Le Déaut, Jean- Yves Le Drian, Bernard Poignant, Ségolène Royal, Alain Vidalies, Jean-Pierre Worms.

Je ne partageais pas, à titre personnel cette dernière appréciation (*) très jacobine.Étant moi -même un ardent défenseur de l’Europe, j’avais une vision différente de l’ Etat-Nation, de la régionalisation et de la décentralisation. Ce qui était négatif pour eux m’apparaissait au contraire comme étant un facteur d’espoir déterminant de la renaissance de l’expression de la démocratie de proximité.

Ces parlementaires s’inquiétaient pourtant avec beaucoup de lucidité « d’une redoutable fracture sociale de la France …./… de la démocratie qui se dessèche, réduite à des techniques et détournée de ses objectifs» Pas question pour autant, pour eux, dans ce contexte « dans lequel il n’est plus possible de regarder ce spectacle de décomposition, d’observer ce bateau qui coule sans que ses passagers en aient conscience ou souci. »de quitter le monde de la politique …/… « Loin de nous la velléité de nous extraire d’un monde politique auquel nous appartenons…/…» Mais notre devoir est de tenter de le réformer. Nous sommes nombreux et dans tous les partis, à ne plus nous reconnaître dans les pratiques actuelles. Mais nous croyons en la politique, c’est pourquoi nous entendons agir»  …/…«il faut enfin, dans ce contexte nouveau, instaurer une pénalisation financière de l’ absentéisme des députés»

Ils se prononçaient «pour la promulgation d’une véritable déontologie pour réhabiliter la morale politique et par elle, les valeurs de la démocratie.»

Après de telles prises de position, émanant de tous les bancs de l’hémicycle, de volontés exprimées de vouloir se démarquer de la «fange» pour venir respirer un air plus sain, il n’était pas étonnant de voir les partis mis en cause réagir, tenter de reprendre le contrôle de la situation et de ces éléments perturbateurs.

Cela ne tarda pas en effet.

Le Parti Socialiste quant à lui accueillit plutôt avec aigreur le manifeste des «transcourants.»  

Certains députés «un peu fayots», hommes de progrès sans doute, eurent des mots très durs pour fustiger les «empêcheurs de tourner en rond», ce qui, on le sait, évite d’avancer.

Gérard Bapt déclara  «qu’il était scandalisé : ils participent au trouble ambiant»  Denise Cacheux, quant à elle, déclara : «ce petit groupe se donne des airs de Monsieur Propre et considère les autres comme des ripoux» Jack Lang, toujours moralisateur avouait théâtralement «avoir peu de goût pour le concert des pleureuses et des grincheux.» Yves Dollo – toujours bien inspiré, s’associa lui – aussi à ce concert de condamnations.

Il doit y avoir chez certain quelque embarras à voir qu’éventuellement «la pleureuse» risque de les faire rire jaune ? Mais étant habitués à parler «36 Lang»…il y a parfois difficulté à reconnaître celle parfois utilisée.  …/…