Image nauséeuse, manipulation piteuse,
De triste mémoire d’un hier vieillissant
Symbole de l’opulence occidentale
D’un poussah poussif
Avachi dans un pousse-pousse
Tiré par un famélique asiatique.
Les pauvres en ce temps là
Décharnés ressemblaient à des pauvres.
Depuis nombre de lunes obèses
Les choses ont changé
Le bruit des canons a parfois cessé
Ceux de la beauté ont évolué,
Pour les mots et les mets édulcorés
On a privilégié le fond à la forme,
Les rondeurs voluptueuses, confortables,
Des corps Rubens magnifiés,
Sont devenues obscénités
Pour belles robes présenter,
Elégance et distinction avoir,
Silhouette filiforme on doit se forger
Régimes et massages supporter
Saunas s’infliger
Vieilles peaux tirer
Pour son statut sa réussite étaler
Silhouette grecque statufiée se créer.
Réfutant le droit à la différence
L’on fustige
Ceux qui appétit inassouvi de vie
Sur leurs épaules de mal nantis
Souffrant du poids lourd
Des inquiétudes du demain
Voient arrondir leurs corpulences
Et plus encor l’embonpoint des Crésus.
Honni soit qui mal y panse.
Dans ce Monde, difforme, larvaire
D’injustice aux plateaux désaxés
Deux poids deux mesures
Sans commune mesure
Nabots aux pieds de cendre
Insuffisants du cœur
Sans votre magot vous partirez,
Votre dernier pyjama
Point de poche aura,
Vos dépouilles miséreuses
Seront votre seule mémoire,
Sans intérêt.
Gérard GAUTIER Recueil «Errances choisies» 2011